L’assurance-vie et le PEA permettent tous les deux de fructifier son argent en phase de constitution de capital, notamment en prévision de la retraite, sur de moyen ou du long terme, voire très long terme. Que choisir lorsque l’on souhaite investir sur du moyen terme ou plus ? Dans cet article, nous allons vous donner de la matière pour vous aider dans votre choix.
Assurance vie et PEA : de quoi s’agit-il ?
La croyance commune a tendance à définir l’assurance-vie et le PEA (Plan d’Épargne en Actions) comme étant des placements financiers. En réalité, il n’en est rien. Ce ne sont pas des placements financiers à proprement parler, mais des enveloppes fiscales DANS lesquelles vous achetez des produits financiers. Pour ce faire, vous allez avoir besoin d’un assureur d’une part, et d’un teneur de compte (banque dépositaire) d’autre part. Nous détaillons les notions de contenant/contenu dans notre article Comment investir en bourse ? Comment investir en bourse ? Guide 2024.
Pour imager, j’aime bien comparer l’enveloppe fiscale (assurance-vie ou PEA) à un sachet de bonbons. Votre sachet est votre contenant, c’est-à-dire votre enveloppe fiscale assurance vie ou PEA, et à l’intérieur, vous avez des bonbons de différentes formes et de différentes couleurs, ce sont les placements dans lesquels vous investissez votre argent.
L’assurance-vie
L’assurance-vie est un produit assurantiel d’épargne flexible qui permet de constituer et de faire fructifier un capital sur le long terme. Il s’agit d’un contrat passé entre un souscripteur (personne physique, autrement dit l’épargnant) et un assureur, dans lequel l’épargnant peut choisir d’investir sur différents supports (fonds en euros, unités de compte, etc.) en fonction de ses objectifs financiers et de son appétence au risque.
Les avantages de l’assurance-vie
Avantages fiscaux après 8 ans : Après huit années de détention, l’assurance-vie bénéficie d’une fiscalité allégée sur les plus-values en cas de rachat partiel ou total, grâce à un abattement annuel de 4 600 € pour une personne seule et 9 200 € pour un couple.
Flexibilité des supports d’investissement : vous pouvez diversifier votre épargne en choisissant entre des fonds en euros (garantie en capital) et des unités de compte qui permettent d’investir sur les marchés financiers qui sont quant à eux, non garantis en capital et soumis aux fluctuations des marchés boursiers.
Outil de transmission patrimoniale : L’assurance-vie permet de désigner des bénéficiaires spécifiques, ce qui facilite la transmission d’un capital en cas de décès, avec des avantages fiscaux sur les montants transmis. Il s’agit de l’article 990-i du CGI (Code Général des Impôts) octroyant 152 500 € d’abattement par bénéficiaire, pour les versements avant 70 ans. La fiscalité des versements après 70 ans est régie par l’article 757-B du CGI octroyant un abattement unique de 30 500€ et une réintégration, d’un point de vue fiscal des sommes versées au-delà, dans la succession.
Accessibilité des fonds : Contrairement à certaines idées reçues, les fonds investis dans une assurance-vie restent accessibles à tout moment, bien qu’une sortie avant 8 ans soit fiscalement moins avantageuse. Cependant, il existe certains fonds ou types de fonds avec des mécanismes spécifiques rendant indisponibles les sommes pendant une certaine durée. Vous devez rester vigilants par rapport au degré de liquidité des placements que vous effectuez à l’intérieur de votre contrat.
Les inconvénients de l’assurance vie
Frais de gestion plus élevés : Les contrats d’assurance vie peuvent engendrer divers frais (frais d’entrée, de gestion et d’arbitrage), qui réduisent les performances réelles de vos placements. C’est notamment un des critères de sélection que nous abordons dans l’article SCPI en direct ou en assurance-vie : comment choisir ?
Rendement faible des fonds en euros : Les fonds en euros, supports garantis en capital, proposent des performances assez faibles, autour des 2%. Ces rendements qui n’ont cessé de diminuer fut un temps, commencent une lente remontée liée à la remontée des taux d’intérêts pilotés par la BCE (Banque centrale européenne). Nous pourrions espérer un rendement moyen aux alentours des 2.50% pour 2024.
Champ d’investissement limité aux fonds référencés au sein du contrat : Tous les contrats d’assurance-vie ne se valent pas. Certains contrats d’assurance-vie, généralement ceux des banques et assureurs de réseau, n’offrent pas une grande variété de supports d’investissement. La plupart du temps, il s’agit des supports maison auxquels on ajoute quelques supports de sociétés de gestion externes. Il vaut mieux privilégier un contrat d’assurance-vie où il y a énormément de supports d’investissement tels que des ETF, des SCPI, des fonds clean-share, et des FCPR (Fonds Commun de Placement à Risques) pour diversifier.
Complexité des contrats : Avec la multitude de supports d’investissement et les différences entre contrats, il peut être difficile pour un épargnant non averti de comprendre et d’optimiser sa stratégie d’investissement.
Le PEA
Le PEA (Plan d’Épargne en Actions) est un produit bancaire d’épargne réglementé qui permet d’investir en actions européennes tout en bénéficiant d’avantages fiscaux sous certaines conditions. C’est un excellent outil pour un investisseur souhaitant se constituer une épargne de long terme au travers d’actions de sociétés cotées en bourse.
Les avantages du PEA
Exonération d’impôts sur les plus-values après 5 ans : L’un des principaux avantages du PEA réside dans son traitement fiscal avantageux. Après 5 ans de détention, en cas de retrait, les plus-values générées par les investissements ne sont pas soumises à l’impôt sur le revenu, mais uniquement aux prélèvements sociaux (17,2 % en 2024). Cela peut représenter une économie significative pour les investisseurs sur le long terme.
Possibilité de transformer le PEA en rente viagère : C’est une option peu utilisée et dont l’on parle très peu. Il est possible de convertir le capital accumulé en une rente viagère. Cette rente, après les 5 ans du plan, est également exonérée d’impôt sur le revenu. La rente demeure soumise aux Prélèvements Sociaux (PS) de 17.2% mais avec une dégressivité selon l’âge du bénéficiaire au moment où il choisit de convertir son capital en rente viagère.
Voici le barème en question :
- Avant 50 ans : 70%
- Entre 50 et 59 ans : 50%
- Entre 60 et 69 ans : 40%
- Après 70 ans : 30%
Plus la demande est formulée tardivement, moins la rente sera impactée par les prélèvements sociaux.
Les inconvénients du PEA
Risques plus élevés du fait de la volatilité des actions : Contrairement l’assurance-vie, le PEA expose les investisseurs principalement à la volatilité des marchés actions. Les fluctuations des marchés peuvent entraîner des pertes en capital, surtout si l’investisseur est contraint de vendre dans des périodes de baisse. Le PEA est donc recommandé pour ceux qui ont une bonne tolérance au risque et un horizon d’investissement long comme nous l’avons abordé dans notre article sur le profil investisseur.
Moins flexible, car limité aux actions européennes : Cela peut limiter la diversification géographique du portefeuille. Les investisseurs qui souhaitent s’exposer à d’autres régions, comme les États-Unis ou les pays émergents, devront se tourner vers d’autres dispositifs d’investissement ou bien utiliser des trackers ou ETF. D’ailleurs à ce sujet, vous pouvez consulter cet article qui vous expliquera comment construire un portefeuille ETF PEA.
Fermeture du PEA si des retraits sont effectués avant 5 ans : Tout retrait avant la période de 5 ans entraîne la clôture automatique du plan et les avantages fiscaux sont perdus. Le PEA n’est pas conçu pour un horizon de placement de court terme.
Assurance vie ou PEA ? Les deux, mon capitaine !
Il est tentant de vouloir opposer l’assurance vie et le PEA, mais la réalité est tout autre : ces deux enveloppes fiscales sont à mon sens souvent complémentaires que concurrentes.
L’assurance vie, avec sa souplesse et ses options diversifiées, est idéale pour la gestion de patrimoine, la transmission et les projets à moyen ou long terme. Elle permet de sécuriser une partie de votre capital tout en bénéficiant d’une fiscalité attractive sur les gains après 8 ans. D’un autre côté, le PEA est un formidable outil pour dynamiser son épargne à long terme, grâce à son accès aux marchés actions européens et à son exonération d’impôts sur les plus-values après 5 ans.
L’un n’exclut donc pas l’autre. Vous pouvez parfaitement combiner les deux produits pour ségréger vos investissements selon vos objectifs. Par exemple, l’assurance vie peut sécuriser une partie de votre épargne grâce au fonds en euros garanti en capital, tout en offrant des avantages successoraux. Tandis que le PEA permet de viser une croissance potentiellement plus forte grâce aux actions. En diversifiant vos placements, vous pouvez ainsi mieux répartir vos risques et ajuster votre stratégie selon vos projets à court, moyen et long terme.
Pour d’autres investisseurs, une utilisation du PEA peut s’avérer judicieuse lorsqu’ils sont en phase de constitution de capital, notamment pour la retraite, puis de transiter intelligemment vers de l’assurance-vie en phase de transmission.
Alors, pourquoi choisir quand on peut tirer parti des deux ?