L’assurance-vie du Grand-Duché est très souvent mise en avant pour ses avantages fiscaux, sa sécurité financière et ses larges possibilités d’investissement. En 2022, la collecte nette a dépassé les 50 milliards d’euros, soit une hausse de près de 20% par rapport à 2021. Il y a cependant un certain nombre d’inconvénients matière d’assurance-vie de droit luxembourgeois que nous allons mettre en avant dans cet article.
Un fonds en euros moins performant
Écart de performance en faveur du fonds en euros français
Bien que la différence de performance entre les fonds en euros français et luxembourgeois soit généralement faible, autour de 0,3 %, elle peut être plus importante en raison des politiques spécifiques appliquées par certains assureurs français.
En effet, certains fonds en euros en France proposent des « points bonus ». Ce sont des bonifications de rendement, conditionnés par un investissement minimum en unités de compte (UC). Le barème peut varier d’un assureur à l’autre en fonction de sa stratégie commerciale. Cela permet d’augmenter le rendement global des contrats français, rendant l’écart de performance avec les fonds en euros luxembourgeois plus notable.
Loi Sapin 2 et impact sur les fonds en euros luxembourgeois
La loi Sapin 2, instaurée fin 2016 pour protéger le système financier en cas de crise, a un impact limité sur les fonds en euros luxembourgeois. Cette loi permet à l’État français de restreindre les retraits sur les fonds en euros pour préserver la stabilité financière en période de stress sur les marchés. Cependant, elle ne s’applique qu’aux fonds en euros luxembourgeois ayant un lien capitalistique avec un assureur français.
Solutions pour éviter l’impact de la loi Sapin 2
- Investir en unités de compte (UC) : la loi Sapin 2 ne s’applique pas aux unités de compte, ce qui permet aux investisseurs d’éviter les restrictions. Les UC offrent plus de flexibilité et une exposition potentielle à des rendements plus élevés, bien qu’elles comportent également plus de risques.
- Fonds Interne Collectif (FIC) : certaines compagnies d’assurance luxembourgeoises proposent des fonds internes collectifs, pouvant offrir des protections de capital, tout en étant considérés comme des UC. Ces FIC ne sont pas soumis aux limitations de la loi Sapin 2, offrant ainsi une alternative intéressante aux fonds en euros classiques.
- Choisir un fonds en euros 100 % luxembourgeois : dans cette solution-là il faut choisir un contrat dont les fonds en euros sont entièrement gérés au Luxembourg, sans réassurance auprès d’un assureur français, afin d’échapper à la loi Sapin 2.
Possibilité de mesures similaires au Luxembourg : Bien que le cadre législatif luxembourgeois soit plus stable et que la probabilité de restrictions similaires à la loi Sapin 2 soit faible, il reste possible que le Luxembourg prenne des mesures similaires en cas de crise systémique majeure. Toutefois, compte tenu de la santé économique du pays et de sa stabilité financière, ces mesures semblent moins probables, mais le risque 0 n’existant pas, nous ne pouvons l’affirmer que d’une manière théorique.
Le ticket d’entrée plus élevé
L’assurance-vie luxembourgeoise exige la plupart du temps un ticket d’entrée d’environ 250 000 €, bien au-dessus des contrats classiques en France, qui peuvent être ouverts avec des montants bien plus modestes, souvent dès 1 000 € voire moins dans certains cas. Nous mettons de côté les produits assurance-vie « haut de gamme » marketés par les banques avec des tickets d’entrée à partir de 100 000 € ou plus et qui sont moins bons que certains autres produits assurance-vie à accessibles à partir de 1 000 €.
Nous commençons à voir depuis quelques années des seuils d’accessibilités réduits à partir de 100 000 € chez certaines compagnies luxembourgeoises. Nous y voyons moins d’intérêt, car les FIC, les FID (Fonds internes dédiés), et les FAS (Fonds d’Assurance Spécialisés) ne sont pas abordables en dessous de 250 000 € d’investis et c’est tout l’intérêt à notre sens d’un contrat d’assurance-vie de droit luxembourgeois.
Les SCPI sont boudées !
Dans les contrats d’assurance-vie luxembourgeoise, les SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) occupent une place bien plus restreinte que dans les contrats français. Cela peut faire office de frein pour les investisseurs qui souhaitent diversifier leur patrimoine via l’immobilier. Nous avons d’ailleurs rédigé un article sur le sujet SCPI en direct ou en assurance-vie : comment choisir ?
Il est vrai que c’est un secteur apprécié pour sa capacité à générer des revenus réguliers grâce aux loyers et pour sa relative stabilité par rapport à d’autres classes d’actifs.
Ce qui pose le plus de problème aux assureurs luxembourgeois est la fiscalité des revenus fonciers au Luxembourg, mais aussi l’absence de liquidité des SCPI étant donné que ces produits d’investissement ne sont pas cotés en bourse.
Les assureur-vie luxembourgeois auront tendance à préférer les OPCI (Organisme de Placement Collectif en Immobilier) qui sont quant à elles davantage liquides.
Les SCPI sont investies entre 90% et 100% en immobilier, le reste en liquidités.
Les OPCI sont investies entre 60-65% en immobilier, le reste en actifs financiers et liquidités
Moins d’options de gestion
Les contrats d’assurance-vie de droit luxembourgeois offrent généralement un éventail plus restreint de fonds d’investissement par rapport aux contrats de droit français. Cela n’est pas totalement exact lorsque l’on opte pour le FAS, mais comme nous l’avons vu précédemment, l’accessibilité au FAS n’est qu’à partir de 250 000 € de sommes investies.
Il n’y a pas de possibilité ni de versement, ni de rachat programmé, d’investissement progressif, de stop-loss ou écrêtage des plus-values qui sont des options très courantes dans les contrats d’assurance-vie de droit français.
Les contrats de droit luxembourgeois sont plutôt taillés pour des investissements au travers de FIC, FID ou de FAS. C’est pourquoi ces options de gestion sont mises de côté, la gestion libre n’étant pas du tout dans leur ADN contrairement à ce qui se pratique en France.
Globalement peu de digitalisation
Note de Ronan : Autant, je me souviens à mes débuts dans le métier, c’était catastrophique, maintenant cela évolue dans le bon sens.
L’aspect digital n’est clairement pas le point fort des assureurs du Grand-Duché. Cela s’explique à nouveau par le fait que la gestion libre n’est pas dans leur ADN. Avec les FID, FIC ou FAS, ce sont les conseillers ou société de gestion qui ont la main sur la gestion des actifs détenus au sein du contrat d’assurance-vie.
Procédure d’ouverture compliquée
La procédure d’ouverture est plus fastidieuse au Luxembourg. Les délais de traitement dans les back-offices sont plus longs et la procédure d’ouverture est globalement plus stricte qu’en France. Le souscripteur devra impérativement justifier la provenance des fonds qui seront placés dans le contrat. Selon l’origine des fonds, cela peut prendre beaucoup de temps à réunir tous les justificatifs.
Ces procédures strictes visent à lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Conclusion
Bien que l’assurance-vie luxembourgeoise présente certains avantages, comme une sécurité renforcée des actifs et une grande flexibilité internationale, il nous semblait important de communiquer sur son lot d’inconvénients. Pour les épargnants souhaitant une gestion plus fluide et moderne de leurs placements, l’assurance-vie du Grand-Duché est à proscrire. Elle présente des qualités indéniables, mais nous trouvons personnellement que l’on en fait trop avec elle. Ce qu’il faut retenir en matière d’assurance-vie de droit luxembourgeois, c’est que c’est comme les antibiotiques, c’est-à-dire pas automatique !